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Photo: Andreas Birkigt
___ Uwe Scholz représente un cas à part. Ce chorégraphe allemand qui dirige depuis dix ans le Ballet de Leipzig, crée principalement sur les grandes oeuvres symphoniques. C'est la musique qui l'inspire. Pour ses débuts en France, au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, en octobre 1999, il avait présenté un programme Prokofiev-Rachmaninov teinté d'humour et de poésie, puis La Création de Haydn, monumental oratorio chorégraphique. Il est revenu en janvier 2001 dans ce théâtre avec un nouveau programme, réunissant Beethoven et Bruckner dans la même soirée, et après ce nouveau succès public reviendra très certainement à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2002 avec La Grande Messe de Mozart, un de ses grands succès de ces dernières années. ___
___ DE RENÉ SIRVIN ___
___ Après Isadora Duncan, Léonide Massine - le premier à réaliser de nombreux ballets sur des symphonies de Beethoven, Berlioz, Brahms ou Schumann dans les années 1930 - et Rudi Van Dantzig, Uwe Scholz a conçu à son tour une "Septième Symphonie" de Beethoven, celle que Richard Wagner considérait comme "L'Apothéose de la danse". Un ballet abstrait, qui utilise le vocabulaire classique sur pointes mais d'une manière subtile et originale. ___
___ Seize couples en maillots blancs, de dos et formant un triangle quand le rideau se lève, composent des groupes informels en perpétuelle mutation, suivant une chorégraphie complexe mais fluide, qui, sans chercher à illustrer la musique note à note, reste en totale harmonie avec les rythmes et les thèmes mélodiques. Les entrées et sorties des groupes sont incessantes et variées, et le chorégraphe semble créer ces géométries variables sans le moindre effort, tant sa danse coule de source. Le ballet reste abstrait, dépourvu d'expression et d'émotion particulière, mais fourmille en épisodes et rencontres, brefs solos ou danses de groupes. Deux couples se distinguent tout particulièrement: Roser Munoz et Sven Köhler dans le premier mouvement, Sibylle Naundorf et Christoph Böhm dans le second, des artistes déjà fort remarqués en 1999. S'il ne traduit pas toute la puissance et la force d'un Beethoven pré-romantique, Uwe Scholz comme Richard Wagner voit en cette symphonie un vibrant hymne à la danse, dans sa forme la plus pure et la plus vivante. ___
Kiyoko
Kimura & Christoph Böhm
Bruckner 8 Adagio
Photo: Andreas Birkigt
___ En deuxième partie de soirée, le Ballet de Leipzig a donnée une création beaucoup plus ambitieuse d'Uwe Scholz, un véritable défi, puisque le chorégraphe utilise le monumental troisième mouvement Adagio de la "Huitième Symphonie" de Bruckner, un compositeur à priori bien peu fait pour la danse. En dépit du discret passage de temps à autres de huit couples en maillots bleus, ce mouvement n'est qu'un immense duo d'un lyrisme intense, pour deux artistes exceptionnels: la japonaise Kiyoko Kimura et l'Allemand Christoph Böhm. Toujours unis l'un à l'autre pendant trente cinq minutes, exprimant une profonde intériorité, un lyrisme débordant, la tendresse ou l'extase, le couple se fond aux grandes pulsions romantiques de Bruckner en une seule coulée, long mouvement onctueux sans le moindre hiatus. Une véritable prouesse physique et artistique pour ce couple splendide. Christophe Böhm soulève à bout de bras sans le moindre effort sa partenaire qui glisse et s'enroule autour de lui comme le lierre autour du chêne. La musique de Bruckner n'a jamais semblé aussi envoûtante, illuminée par la danse qu'elle même transcende. ___
___ Si la musique inspire Uwe Scholz, et si ses chorégraphies semblent toujours "coller" aux oeuvres qu'il choisit, ce n'est ni d'une manière romanesque ou symbolique à la Massine (tels La Symphonie Fantastique, ou Les Présages remontés il y a quelques années à l'Opéra de Paris), ni dans un langage purement mathématique et géométrique comme certains ballets de Balanchine qui semble écrire ses pas sur une portée musicale, mais plutôt dans un esprit charnel, décoratif et lyrique, qui évoque un peu - sans contexte humaniste et mystique - le Béjart de la IX ème de Beethoven ou des grands Adages de Mahler. Mais Uwe Scholz a sa propre séduction, et reste toujours très naturel, extrêmement lisible, à la porté de tous les publics et de toutes les âmes un peu sensibles. ___
COPYRIGHT ImagiDanse (www.imagidanse.com), Janvier 2001
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